La souffrance

Il a beaucoup été dit et écrit sur ce sujet. On a dit qu’elle était nécessaire à l’évolution. Elle est nécessaire lorsque tu es divisé, éloigné, perdu. Mais lorsque tu es UN, unifié, elle n’est plus nécessaire, elle est même nuisible. Elle fait partie de l’ancien Temps, maintenant, nous sommes arrivés à autre chose, nous entrons dans un nouveau Temps, où ce n’est plus la souffrance qui est la base de notre évolution, mais la Beauté et l’Amour, l’Harmonie et la Lumière, notions qui elles aussi ont été beaucoup discutées, sinon galvaudée, par une mode et une façon très spirituelle d’aborder les choses. Par contre, ces notions demeurent une réalité et sont la base de la conscience humaine. La souffrance n’est pas créative, elle n’est qu’une façon de provoquer une réaction, d’amorcer un mouvement, de forcer une ouverture à la conscience, mais à un certain point, elle devient nuisible car elle n’est pas créative. Elle n’est que le combustible pour allumer le Feu, le Feu de l’Esprit, qui s’allume lorsqu’on est forcés de devenir conscients de la réalité, de devenir transparents et de cesser de mentir, de nous mentir, de mentir aux autres, de participer au mensonge, de nourrir le mensonge. La souffrance nous oblige à sortir du mensonge pour arriver dans la réalité et dans l’objectivité et la transparence. La souffrance oblige l’égo à se débarrasser de ses couches d’inconscience accumulées et à devenir transparent, à devenir un canal parfait pour son esprit qui veut se manifester. L’égo est obligé d’arrêter de contrôler et de commencer à coopérer et à participer, de là le début de la créativité et la fin de l’utilité de la souffrance, qui doit un jour cesser, cesser, cesser. On doit cesser d’admirer la souffrance, de l’accepter et de la croire. Un jour, elle ne nous sert plus. Un jour, elle devient un boulet, un poids, un obstacle. On ne peut pas vivre une vie saine, créative, légère, lumineuse, lorsqu’on souffre continuellement. On doit trouver une façon de ne plus souffrir. Il faut une conscience aigue de nos besoins, de nos limites, de nos failles. Il faut savoir ce que l’on veut. Il faut dire ce que l’on veut. Il faut focuser sur ce que l’on veut. Il faut vouloir. Il faut savoir. Il faut appeler les énergies dont on a besoin. Les mettre à notre service. Les amadouer, les domestiquer, les soumettre à notre volonté. Il faut arrêter de justifier toutes ces souffrances, toutes ces déceptions, tous ces chocs et toutes ces destructions. Un jour, il faut opposer notre conscience et notre volonté à la sauvagerie de l’Énergie pure qui n’arrêtera jamais de nous submerger et de nous démolir, car elle est notre opposé : sans forme, sans nom, sans intention, sans limites, c’est dans sa nature : elle s’oppose à notre état matériel, à notre humanité, à nos limites, à notre mortalité, ultimement. C’est le pourquoi de la fusion, ces deux mondes doivent coexister dans un même corps, et ce sera toujours dans une négociation d’équilibre pour habiter un corps en même temps : un égo, un humain mortel, un être encadré par la finitude de la matière, qui veut vivre une vie normale et agréable,  et un esprit, porte ouverte vers l’infini et toutes les possibilités, qui veut habiter ce corps et expérimenter la matière – mais qui risque de tout détruire. L’initiation n’est rien d’autre qu’une formation ‘’professionnelle’’ pour apprendre à gérer cette formidable énergie et à en devenir le canal (l’esprit nous fournit la matière à mesure qu’on passe les étapes). Notre finitude exige certains aménagements et une négociation pour équilibrer cette situation. C’est justement notre rôle, c’est dans notre nature, c’est notre devoir et notre travail de canaliser, encadrer et limiter cette énergie infinie pour en faire quelque chose d’utile dans la matière, quelque chose de sain, de créatif, de beau, d’agréable. Nous avons le droit d’avoir une vie agréable. Le soleil, le vent dans les arbres, le chant des oiseaux, la beauté de la nature, le plaisir de l’échange, la joie de construire dans la matière, tout cela, c’est ce que la vie matérielle nous offre et nous y avons droit. Nous ne sommes pas sur Terre pour souffrir, mais pour construire.

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